Voilà depuis que nous avons quitté les Bahamas pour entreprendre notre descente vers les grandes Antilles que nous allons de longues navigations à de très longues navigations… Fini les navigations abritées sous le vent des îles, fini les barrières de corail qui nous protègent des vagues, fini aussi les petites navigations de quelques heures. Fini donc la navigation de plaisance. Désormais, les navigations sont longues et nous sommes belle et bien dans la grande bleue et, plus encore, dans les Alizés qui soufflent et soufflent toujours et sans cesse.
De ces longues navigations, nous avons eu beaucoup de temps, beaucoup de temps pour réfléchir…
Je crois que pour tout équipage qui en est à son premier grand voyage en bateau, le trajet vers les grandes Antilles (Haïti, République dominicaine, Puerto Rico, Iles Vierges…) est la troisième grande épreuve, le troisième grand test en quelque sorte. La première était la première traversée en mer de New York à Cape May, la deuxième, la traversée du Gulf Stream. Cette troisième traversée, vers les Antilles, est cette fois-ci beaucoup plus longue, plus exigeante physiquement et potentiellement plus difficile car la météo devient vite moins fiable sur de longues périodes.
Je crois aussi que pour tout équipage qui envisage d’aller au-delà des Antilles, que ce soit un tour du monde, une traversée future vers l’Europe ou simplement un tour de la mer des Caraïbes par l’Amérique centrale, comme l’était notre projet, ce long parcours entre les Bahamas et les Antilles devient un test réel sur les capacités du bateau et de l’équipage à mener à bien ce projet.
Voilà ce que nous nous disions avant d’entreprendre ce parcours « Ceci est notre test! ». Si vous regardez une carte de la mer des Caraïbes, vous constaterez que les distances à parcourir en Amérique centrale sont immenses. En fait, avant de partir, avant de nous-même parcourir des distances sur notre voilier, nous nous disions que c’était bien « pas mal long », mais qu’après tout, rendu là, nous serions habitué et nous serions rendu bon (!).
Mais nous voilà dans la réalité maintenant. Et la réalité est que, en navigation, ça bouge, parfois un peu, parfois beaucoup, parfois trop. La réalité est aussi que de parcourir 100 miles une seule fois, ça va. Mais devoir parcourir 100 miles à chaque navigation ou un jour 160 miles, l’autre 65 miles, l’autre 110 miles puis l’autre encore 55 miles… c’est beaucoup de miles. Toutes ces navigations sont exigeantes car elles sont longues et épuisantes et parce que nous devons bien souvent les faire en partie de nuit pour une arrivée de jour.
À aligner ces longues navigations l’une après l’autres, nous constatons aussi que ce n’est pas du tout ce qui nous plait. « Ce n’est pas pour ça qu’on a signé », comme a dit Ronald!
Il y a bien longtemps que notre trajet est établi : nous parcourrons les Antilles la première année, puis l’Amérique centrale la deuxième. Pour nous, l’Amérique centrale est comme la cerise sur le sundae : nous aimons ces pays latins, sa musique, sa langue, ses gens. Y renoncer serait chose difficile. Et pourtant…
Après les navigations vers Haïti, Ronald qui, plus souvent qu’autrement s’est retrouvé seul à la barre d’Oséo, était déjà prêt à abandonner les promesses de l’Amérique centrale. Catherine a aussi un peu vacillée, depuis l’intérieur d’Oséo, incapable d’assister Ronald dans le rôle de capitaine. Mais le coût était très grand et elle ne pouvait abandonner si rapidement. Pourtant, après avoir sorti les guides nautique d’Amérique centrale, constaté les très longues distances entre chaque point de chute, les dangers présents dans la zone (criminalité, insécurité…), les difficultés potentielles, l’idée s’est mis à faire de plus en plus son chemin pour Catherine aussi. Mais c’est réellement lors des navigations suivantes que la décision fut prise pour tous, après que Léa ait encore été malade, après que le morale ait été très bas à la simple idée de devoir repartir encore et à la vue que plusieurs autres longues navigations étaient encore nécessaires pour finalement en finir avec ce trajet jusqu’à Puerto Rico, trajet qui ne sera encore pas terminé car il durera réellement jusqu’à St-Martin. Alors là, nous serons en vacances! Vacances de longues navigations pénibles! Yéhhhh!
Vous aurez donc compris que nous vous annonçons ici ce que beaucoup d’autres équipages ont aussi annoncé avant nous :
Nous renonçons à une partie du rêve car nous vivons maintenant dans la réalité, et cette réalité ne faisait pas parti du rêve…
Une fois prise cette décision, c’est comme si un énorme poids c’était enlevé de nos épaules. Nous nous sommes sentis libres et soulagés. Désormais, nous avions le temps. Désormais, nous n’avons plus besoin de courir, de nous dépêcher. Visiter l’Amérique centrale la deuxième année impliquait de devoir tout voir des Antilles la première année. Donc pas de temps à perdre! Il fallait avancer! Mais là… on a le temps. On peut se permettre de rester plus longtemps ici parce qu’on en a envie, ou parce qu’on n’a pas envie de bouger aujourd’hui. Une fois la décision prise, nous avons réalisé à quel point cette deuxième année nous mettait beaucoup de pression. Cette pression est maintenant tombée et, ah ce qu’on se sent bien finalement! Alors, bien sûr ça nous fait de la peine de renoncer à notre Amérique latine, mais on se reprendra autrement! Peut-être prendrons-nous un vol depuis Grenade vers le Guatemala pour voir ses pyramides Maya, ou peut-être irons-nous dans un prochain voyage! Entre-temps, nous profiterons de ce que les Antilles, petites et grandes, aurons à nous offrir, et nous ne courrons pas.
Ainsi, tout le monde rencontre son « Chicken Harbor ». Chicken Harbor est une expression que nous avons souvent rencontrée depuis notre départ. C’est le port des chicken, des poulets donc, ou disons plutôt de ceux qui n’osent plus aller plus loin. Certains s’arrêtent avant le Gulf Stream. Pour d’autres, comme nos amis de Cutting Class, ça été Hope Town, dans les Abacos aux Bahamas. Dès notre première rencontre, ils ont d’ailleurs dit d’eux-mêmes qu’ils étaient des Chickens parce qu’ils n’allaient pas plus loin que les Abacos. Et nous leur avons dit que bien des gens n’allaient même pas plus loin que leur chez-eux!
Pour bien d’autres, le dernier port sera Georgetown, dans les Exumas, Bahamas encore. C’est en effet de là qu’on quitte pour les Antilles… Pour nous, ce sera Grenade, à la toute fin des Antilles. Ce sera notre chicken harbor. Mais nous tous, qui sommes-nous pour juger??? À chacun ses limites et, après tout, c’est notre voyage.
Ainsi, bien des réflexions ont eu court pendant ces difficiles navigations… Ferons-nous l’Amérique centrale la deuxième année ou ne la ferons-nous pas?? Pas facile de ne pas remettre en question les beaux rêves lorsque votre fille vous dit en navigation, en fin d’après-midi, malade de la mer entre Haïti en la République dominicaine : « maman, on va pas dormir en mer hein? » et qu’on ne peut faire autrement que de passer la nuit dans ce tohu-bohu…
C’est ainsi que nous avons choisi et, finalement, tout sera très bien ainsi.
Bravo pour votre courage!
pour celui qu’il vous a fallu pour vous lancer dans cette merveilleuse aventure et réaliser cette première partie,
mais également pour le courage qu’il faut dans les changements de cap afin de prendre des décisions raisonnables pour soit et sa famille !
Continuez à nous régaler et PRO-FI-TEZ !!!
Il n’y a que mauvais choix…..le choix que nous ne faisons pas.
Bravo pour votre aventure. Respect pour vos décisions.
C’est sans regret, quand la décision vient par choix!
On pense à vous et on espère bien vous voir chez nous en France!
Bisous…..Dan, Tania et xxxx! 🙂
Allo,
J’adore les réflexions des grandes traversées. Encore. Bien que celle-ci, par le ton, me l’a toute fait lire rapidement.
Comment dire.
Bonne décision parce que c’est la vôtre, c’est votre voyage.
… Par le passé Marie et moi voulions faire l’Équateur ET le Vénézuela en 1 mois… nous avons lâché prise sur le Vénézuela et fait un extraordinaire voyage en Équateur.
… L’Annapurna Base Camp – U-Turn à un jour de la cible pour risque d’avalanche après 23 jours en montagne, le mont Ruse en Pologne, U-Turn à quelques mètres du sommet pour météo changeante malgré la forme physique supra normale, le mont Marcy – Abort à cause de glace au sommet, pluie et sous-équipement… et j’en passe.
Présentement avec mon démarrage d’entreprise Marie me supporte entièrement mais viendra un jour ou, si les prochains mois ne livrent pas ce qui est prévu, nous aborderons le Chicken Port et ses questionnements.
Vous n’avez rien à prouver à personne!
La liberté du voyageur c’est le temps, si précieux. Faites-en ce que vous voulez, remplissez-le des expériences qui vous font vibrer et au diable le reste. La liberté de pouvoir plonger dans une culture, une communauté, des gens découverts au détour d’une baie, c’est là l’extraordinaire richesse de ce que vous faites. Vous repartez quand vous en avez assez. Les horaires nord-Américains ne sont plus souverains sur Oseo. Voilà.
Libres maintenant.
Tout le monde tout nu !
Le meilleur itinéraire de voyage est celui qui est flexible selon les besoins de chacuns.
Nous avons eu les mêmes penser que vous, c’est presque du copie-coller.
Et finalement notre objectif de voyage c’est résumé a ; en autant que l’on revienne a la maison en début d’été 2015 peut importe le chemin ou le nombre de miles nautique parcouru …
On a également découvert que pour nous c’est après 3 jours au même endroits qu’on peut réellement affirmer avoir été à cet endroit.
Au plaisir de vous retrouver et de partager encore plus de petite navigation avec vous
L’équipage de Rêve d’Ocean
Bravo, Catherine et Ronald, pour votre grande MATURITÉ et votre immense SAGESSE! Vous agissez, encore une fois tous les deux, en parents et adultes responsables (comme vous l’avez toujours fait depuis le début des préparatifs, il y a plus de 4 ans) et cela est tout à votre honneur. Je sais que ça n’a surement pas été facile d’en arrivé à changer le déroulement de votre voyage initial mais vous le faites pour le bien de tout l’équipage. Vous ne pouviez pas savoir avant de l’avoir vécu que les navigations seraient si difficiles. Pour moi vous n’êtes pas du tout et ne serai jamais des chicken harbor. Vous êtes des courageux qui font un voyage comme peu de gens ont le gots de faire, qui savent reconnaitre leurs limites, qui se rendent compte que leur projet initial ne convient plus à leur réalité et qui prenne la décision de modifier leur plan de voyage pour le bien et le bonheur de tout l’équipage. N’Est-ce pas cela le but premier de ce voyage: ÊTRE HEUREUX tout au long de cette expédition? Comme vous le dites si bien:¨ Nous renonçons à une partie du rêve car, nous vivons maintenant dans la réalité et que cette réalité ne faisait pas partie du rêve!!!¨ Cette phrase dit tout!
Je suis si fière de vous! Fière d’être la maman, la belle-maman et la grand-maman de ce bel et courageux équipage d’OSÉO! Maintenant que votre décision est prise, profitez pleinement de votre voyage et surtout n’ayez pas trop de regrets, car cette décision est le premier pas vers un avenir des plus relax et heureux!
Je vous aime tous les quatre très fort
La maman de Catherine XXXX
Bravo!
Je vous lis depuis décembre .
Je suis marin d’eau et motard.
Un jour au milieu du Texas , j’ai viré de bord sans raison, retour à la maison .
Un des plus beaux voyages de ma vie ,comme Forest Gump.
Le temps présent ,profités !
papi vous avec pris une bonne desision ses pas toujours facile mes je suis fiere de vous je vous aime xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Je suis contente de savoir que vous êtes bien dans votre décision, vous allez avoir l’occasion de retourner en Amérique Central dans un futur rapproché j’en suis certaine. Ce qui compte est que vous profitiez à plein de vos 2 ans, si pour vous faire des miles et des miles ne cadrait plus avec le voyage, votre décision est la meilleure….
Vous allez pouvoir profiter de chaque endroit et chaque pays et non juste avancer d’une destination à une autre…
Nous allons donc aller vous voir dans les Antilles…c’est parfait ça… 🙂
bisous
xxx
Je suis très contente pour vous ! Ça n’a sûrement pas dû être facile à prendre comme décision, mais c’est sans aucun doute la bonne, puisque vous vous sentez légers à nouveau. Vous vous êtes engagés dans ce périple pour vivre plein d’aventures en famille et voir la vie sous différentes perspectives… Et ça, vous le vivez à tous les jours. Comme dit Sylvie, vous vous connaissez bien et vous vous respectez. Dans la vie, l’adaptabilité est une très grande force, car tout change.
En fait, la page Facebook de Catherine mentionne ce qui est le plus important pour baser ses décisions : être heureux et comblé. Et c’est ce que vous avez fait.
En tout cas, tout ce que je sais, c’est qu’il n’y a pas si longtemps, vous n’aviez jamais mis les pieds sur un voilier. Alors, bravo pour tout ce chemin parcouru et tous ces apprentissages qui vous font sortir constamment de votre zone de confort ! Chicken Harbor mon oeil ! 😉
Et je ne pense pas me tromper en disant qu’un jour ou l’autre, l’Amérique centrale ne saurait attendre ! D’ici là, profitez du bon temps !
Bisous à vous quatre
Caro 🙂
Le meilleur choix est celui qu on fait. Je me souviens d avoir eu ce sentiment de liberté après avoir modifier les plans de navigation! Que votre rêve continue avec cette grande ouverture à suivre votre cœur. Et ici, les pieds dans la neige…on rêve à la vague.
Bonjour Catherine et Ronald,
On vous suit depuis le début de votre aventure et on a toujours été étonné et impressioné par des distances que vous faites. On navigue aussi avec les deux jeunes garçons. C’est notre quatrième hiver sur le bateau avec eaux et d’une année à l’autre on se déplace moins en moins. Pêcher, nouer des relations, travailler à distance; il n’est pas possible de le faire en navigant.
Vous avez un très joli site !!! Que des ancrages confortables !
Miro et Geneviève de Polarka (actuellement aux Abacos)
Bonjour Catherine et Ronald,
On vous suit depuis le début de votre aventure et on a toujours été étonné par des distances que vous faites. On navigue aussi avec les deux jeunes garçons. C’est notre quatrième hiver avec eaux et d’une année à l’autre on se déplace moins en moins. Pêcher, nouer des relations, travailler à distance, il n’est pas possible de le faire en navigant.
Vous avez un très joli site !!! Que des ancrages confortables !
Miro et Geneviève de Polarka (actuellement aux Abacos)
Allo les copains,
Vous êtes des gens intelligents et cette décision le confirme. Mais en ce qui concerne la réalité, vous souvenez-vous de celle-ci: neige, gadoue, noirceur, mitaines mouillées, déneigement, pluie quand tu veux skier, -35 quand tu veux aller glisser, panne de métro, pieds gelés, voiture recouverte de verglas ?
Les Antilles, c’est toujours le rêve. En tout cas, c’est le nôtre quand on voit vos photos : )
Ronald, t’es tout mince ! Puis vous êtes tous super bronzés !
Bonne poursuite et amusez-vous plus que jamais.
bisous xxxxxxxx
La familia Carpinteyro
Bonjour les amis,
Je viens de lire votre article et je voulais vous lever mon chapeau, parce que le plus important est de se remettre en question, d’évaluer nos besoins au fur et à mesure de nos voyages et de les accepter. Chose qui est difficile parce que nos idéaux, nos trajets, nos ambitions et la préparation de ce projet au préalable nous ont mis la barre haute…
Donc, bon plaisir ! Profitez bien des Antilles et on a déjà hâte d’avoir un autre 5 à 7 avec vous !
Caro & Mat
Croix du Sud en direct des Bahamas !
xx